No Talent No limit #2

Parce que le pire
reste à venir
Parce que le pire
est toujours possible.
Je vais faire pire…
…en mieux .

Videz votre compte en banque, prenez votre coussin, votre chaise, votre voisin, votre voisine, votre frangine, votre cousin, votre cousine, votre parapluie, votre couverture de survie ou de pique-nique, votre masque à gaz, votre scaphandre antinucléaire, vos palmes, votre tuba, votre string léopard, vos dessous en dentelle…
Préparez-vous au pire..

19 Juin 17h Esplanade grande côte 69001 LYON
Durée approximative 1h,
sans réservation,
Prix libre,

Infos : no.talent.no.limit@free.fr
http://www.aruspicecircus.fr/

https://www.facebook.com/events/512983698905999/

 

 

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No Talent No Limit

J’invite les génies avec ou sans talent néo-actuels-contemporains en rupture avec notre époque actuelle contemporaine à rejoindre « l’Internationale No talent No limit »

Première d’une longue série ou expérience ultime, tout est possible… Venez avec votre coussin, votre chaise, votre voisin, votre voisine, votre parapluie, votre couverture de survie ou de pique-nique, votre parapluie, votre masque à gaz, votre scaphandre antinucléaire, vos palmes, votre tuba, votre string léopard, vos dessous en dentelles …

Ce qui est irréaliste, ce n’est pas de vouloir un monde nouveau mais de tenter de faire perdurer celui-ci. Etre radical, c’est s’accaparer le pouvoir, sans attendre d’improbables lendemains qui chantent. Chanter donc, crier même si nécessaire. Inventer, dès maintenant, un monde ludique où les règles ne sont plus des interdits mais des protocoles de jeux sociaux, érotiques, esthétiques.

« No talent no limit » n’est pas un acte désabusé mais un éclat de rire déflagrant face au monde actuel.

 

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Dimanche 8 mai Esplanade de la grande-côte 17h

Durée approximative 1h, Prix libre, sans réservation,

Report au dimanche 15 mai en cas de chaos climatique, annulation possible en en cas d’écroulement anticipé du monde civilisé.

Infos : no.talent.no.limit@free.fr

http://www.aruspicecircus.fr

 

 

L’art et ce qui rend la vie plus intéressant que l’art.

J’essaie d’imaginer s’il y a une « proposition artistique » aux problèmes actuels dans le monde.  (…) J’entends par « proposition artistique », une solution distincte de celle proposée par les scientifiques ou les politiciens.
C’est pourquoi je parle de
Participation au rêve collectif
Création permanente d’une liberté permanente
Mais je n’ai pas de réponses, simplement des questions. C’est une recherche.
Je ne peux mener cette recherche seul et espère que d’autres y participeront.
J’insiste sur l’idée que la recherche est bien le privilège de ceux qui ne savent pas et non pas le domaine de ceux qui savent (comme moi, et peut-être vous !).

« J’avais l’idée de créer mon propre territoire et, bien sûr, de proposer aux autres également de créer le leur. Je me disais que les gens qui vivraient dans un tel territoire passeraient leur temps à développer leur génie plutôt que leurs talents »

Robert Filliou

 

« Le voluptueux aime la vie, parce qu’il a le corps sain, l’esprit libre et sans préjugés. Amant de la Nature, il en adore les beautés, parce qu’il en connaît le prix ; inaccessible au dégoût, il ne comprend pas comment ce poison mortel vient infecter nos cœurs. Au-dessus de la Fortune et de ses caprices, il a sa fortune à lui-même ; au-dessus de l’ambition, il n’a que celle d’être heureux ; au-dessus des tonnerres, Philosophe épicurien, il ne craint pas plus la foudre que la mort. »

« Tout est plaisir pour un cœur voluptueux ; tout est roses, œillets, violettes dans le champ de la Nature. Sensible à tout, chaque beauté l’extasie ; chaque être inanimé lui parle, le réveille ; chaque être animé le remue ; chaque partie de la Création le remplit de volupté. »

« Aimer, être aimé, c’est pour mon cœur délicat la première jouissance, jouissance sans laquelle toutes les autres ne sont rien. »

L’Art de jouir – Julien Offray de la Métrie

Bal tragique planétaire: 35 000 morts.

 

Bal tragique planétaire: 35 000 morts.

On se demandait si on allait, ou pas, sortir une newsletter de janvier et puis soudain l’info qui tue : « Bal tragique chez Charlie. 12 morts ». On avait profité des vacances pour repeindre le site en noir mais on n’avait pas imaginé que cela serait autant de circonstance. Le noir du drapeau bien entendu, celui des pirates, des rebelles, des flibustiers de tout poil…

Nos héros d’enfance sont morts. Il va falloir assurer la suite pour que ça continue un peu à déconner dans la chaumières avant qu’on nous re-joue l’histoire des peurs et du politiquement correct.

« Car il n’y a qu’une chose qu’on m’apprenne ici, je le sais! On m’apprend à avoir peur. » Georges Darien, Le voleur.

Puisque que tout le monde est Charlie, qu’on a des amis partout, même anonymes, même invisibles, on va pouvoir enfin faire dérailler le train-train quotidien. Charlie et Hara-kiri ont largement contribué à la liberté de penser et d’agir dont nous nous revendiquons aujourd’hui. Charlie et Hara-kiri, c’est mai 68, c’est la révolution, c’est l’écologie contestataire, libertaire et anarchiste.

Entrons dans le bal!

Alors allons-y, entrons dans le bal. Remontons à l’origine du complot, penchons-nous enfin sérieusement sur les origines de la barbarie humaine, analysons 10 000 ans d’anthropologie de l’aliénation humaine et de l’enrôlement progressif dans la folie du monde “civilisé“. Comment est-on passé du paradis de la nature à l’aliénation contemporaine ? Décortiquer 2000 ans de guerres et d’obscurantisme dont on arrive toujours pas à se dépêtrer pour comprendre comment on en est arrivé là!

« Quand la machine se met à tuer à l’aveuglette, nous avons visiblement fait une erreur. Nous ne devrions jamais oublier que nous sommes aussi ceux qui tirent. Nous ne sommes jamais en face d’un ennemi, nous sommes l’ennemi. » P.M. Bolo’bolo

No Talent!

Depuis quelques mois déjà, cette newsletter s’était transformée en tribune irrévérencieuse. En termes de retombée financière, on ne peut pas dire que cela soit très efficace. Mais qu’importent les affaires, nous ne sommes pas ici pour faire fructifier les talents. Enterrons les talents! « No talent », c’est la politique du rebelle appliquée à la « parabole des talents ».

« Avant Bolo’bolo, l’argent était un contrat social dont l’application était garantie par la police, la justice, les prisons, les hôpitaux psychiatriques. Ce n’était pas une chose naturelle  » P.M. Bolo’bolo

On voulait profiter de ce changement d’année pour s’interroger, savoir qui compte encore avec un calendrier Grégorien. Les révolutionnaires avaient proposé un calendrier républicain du paradis présent pour remplacer le calendrier des morts sanctifiés, dans lequel chaque jour de l’année serait caractérisé par le nom des pâturages, des arbres, des racines, des fleurs, des fruits, des plantes, pour que l’homme reste en contact avec la nature…

L’indien est de retour.

Au rythme actuel de destruction de la nature, le scientifique Hubert Reeves donne encore quelques dizaines d’années à l’humanité avant de disparaître en partie de la surface du globe. Bien entendu, nous allons continuer parce que nous sommes aveuglés par notre petit confort mythique d’esclavage civilisé. 35 000 morts de faim chaque jour pour maintenir la croissance de ceux qui font surtout croître le désert. Le seul espoir est que notre « civilisation » disparaisse avant d’avoir exterminé les derniers « sauvages ».

« Tandis que l’Indien préfère l’odeur du vent, lavé par la pluie de midi, ou parfumé par le pin pignon et adoucie par les fleurs des prés, je m’aperçois que l’homme blanc ne semble pas remarquer l’air qu’il respire, qu’il est insensible à la puanteur. » Retranscription média-transposée du grand chef Seattle.

L’indien est de retour et il reprend du terrain sur la civilisation. C’est plutôt bon signe. Les robins des banques et autres petits cro-magnons en herbe font des émules, suivons-les. Allons construire des cabanes dans les bois, occupons les bâtiments vides, construisons des Bolo . « Soyons réalistes, faisons – enfin – le possible!»

Abandonner vos voitures, éteignez la télé, fermez les usines, qu’on respire un peu… Retirez vos gosses de l’école, il va falloir leur apprendre à planter des poireaux, ça sera plus utile pour demain et puis ils profiteront du grand air pendant qu’il est encore respirable.

« L’école obligatoire, la scolarité prolongée, la course aux diplômes, autant de faux progrès qui consistent à produire des élèves dociles, prêts à consommer des programmes tout à fait préparés par les « autorités » et à obéir aux institutions. A cela il faut substituer des échanges entre « égaux » et une véritable éducation qui prépare à la vie dans la vie, qui donne le goût d’inventer et d’expérimenter. » Ivan Illich, Une société sans école.

«Non un retour à la terre mais un retour sur terre. (…) Revenir sur terre, c’est, pour commencer, ne plus vivre dans l’ignorance des conditions de notre existence. » A nos amis

Résister!

La révolution est là! La question aujourd’hui n’est plus de pallier les effets les plus néfastes de l’économie capitaliste mais simplement de trouver les moyens de s’en passer. « Il suffirait que les gens ne les achètent plus pour que ça ne se vende pas » Coluche

« Il n’y a pas que dans les montagnes du Sud-Est mexicain que l’on résiste au néolibéralisme. Dans d’autres régions du Mexique, en Amérique latine, aux Etats-Unis et au Canada, dans l’Europe du traité de Maastricht, en Afrique, en Asie et en Océanie, les poches de résistance se multiplient. Chacune a sa propre histoire, ses spécificités, ses similitudes, ses revendications, ses luttes, ses succès. Si l’humanité veut survivre et s’améliorer, son seul espoir réside dans ces poches que forment les exclus, les laissés-pour-compte, les « jetables ». » Le sous-commandant Marcos, Armée zapatiste de libération nationale (EZLN), Chiapas, Mexique. Le monde diplomatique, août 1997.

L’illusion occidentale

Depuis deux millénaires, nous avons toujours été hantés par le spectre de notre propre nature : une nature humaine si cupide et si violente qu’elle livrerait la société à l’anarchie si on ne la soumettait pas à quelque gouvernement. Croire que nous sommes à la merci d’une « nature » humaine qu’il revient à la « culture » de contenir est « une illusion occidentale » (Marshall Sahlins, La Nature humaine : une illusion occidentale).

En anglais, ça donne « The western illusion of human Nature ». Les cowboys font déjà partie du monde civilisé. L’indien vivait libre et pénard avant que ne débarque le cinglé blanc avec ses colts et ses curetons. Le pire c’est qu’aujourd’hui encore on continue le massacre. On veut encore éduquer et évangéliser du sauvage tellement on est con-vaincu par notre propre bêtise.

Alors les dérangés du ciboulot, les adeptes du travail forcé et de la croissance, on vous laisserait bien continuer tranquille à jouer dans un petit coin de la planète, avec vos petites voitures, vos petits soldats, vos guerres, vos petites arnaques et vos grands profits, votre Monopoly grandeur nature, vos éperons, vos goupillons, vos prophéties boursières et vos croyances spéculatives, votre béton armé, vos atomes explosés, vos autoroutes extra-planétaires, votre culture de pacotille, « si vous voulez mourir, continuez ! (…)Vous êtes prêts à mourir pour vos libertés, je ne le suis pas pour vos servitudes » Marcel Duchamp

Cul nu!

Nous, tout c’qu’on veut c’est être heureux, quitte à crever avant d’être vieux. Tout c’qu’on veut c’est la liberté, pouvoir se baigner cul nu dans des rivières qui ne soient pas des égouts, continuer à respirer de l’air pur, se rouler dans l’herbe non synthétique et bouffer des légumes sans attraper la mort !

« La nature de l’homme est d’être libre et de vouloir l’être, mais il prend facilement un autre pli lorsque l’éducation le lui donne.

Disons que si toutes choses deviennent naturelles à l’homme lorsqu’il s’y habitue, seul reste dans sa nature celui qui ne désire que les choses simples et non altérées. Ainsi la première raison de la servitude volontaire, c’est l’habitude. (…) La liberté est donc naturelle; c’est pourquoi, à mon avis nous ne sommes pas seulement nés avec elle, mais aussi avec la passion de la défendre. (…) Soyez résolus à ne plus servir, et vous voilà libre. » Etienne de La Boétie, Discours de la servitude volontaire.

Alors les galopins qu’es qui vous retiens. Il n’y a rien à combattre, pas de guerre à mener, simplement ne plus servir, juste tout abandonner pour venir vous rouler dans l’herbe…

« Les malheureux, en dépit de la chanson, ne sont pas malheureux malgré eux. Ils ne le sont que parce qu’ils le veulent bien. Ils ont eux-mêmes placé leurs cous sous le joug, et refusent de les retirer. Il est donc fort compréhensible qu’un certain nombre d’hommes n’éprouvent à leur endroit aucune compassion; et qu’ils ressentent même de la colère et du dégoût pour tant de sottise et d’avilissement.

Le peuple a des Amis. Qu’il les garde! Il sont généralement dignes de lui. (…)

Je ne comprends pas qu’on puisse être à notre époque, l’ami du Peuple. L’abominable et tyrannique soumission populaire a pu avoir, jusqu’ici des excuses : l’ignorance, l’impossibilité matérielle d’une lutte. Aujourd’hui le peuple sait ; il est armé. Il n’a plus d’excuses. Qu’est-ce que le peuple ? C’est cette partie de l’espèce humaine qui n’est pas libre, pourrait l’être, et ne veut pas l’être ; qui vit opprimé avec des douleurs imbéciles ; ou en opprimant, avec des joies idiotes ; et toujours respectueuse des conventions sociales. C’est la presque totalité des Pauvres et des la presque totalité des Riches. C’est le troupeau des moutons et le troupeau des bergers. (…)

La caractéristique du Peuple, de ses amis, c’est leur obstination à placer hors d’eux-même, dans des formules creuses ou des rêves, leurs espoirs et les déterminantes de leurs tristes énergies. La caractéristique du Hors-Peuple, en contraste, doit être sa ferme résolution de placer en soi-même ses mobiles et ses désirs. » George Darien, L’ennemi du peuple.

No limit

« Si on ne peut pas abolir le capitalisme, c’est-à-dire l’économie, il faut le rendre superflu(…) La Machine Travail Planétaire (MTP) doit être démantelée soigneusement, parce que nous ne voulons pas mourir avec elle.(…)

Bien sûr il y a des limites ! Mais pourquoi y aurait-il des limites au plaisir et à l’aventure ? A cet égard, la modestie et la prudence (académique) sont des vertus qui risquent de nous désarmer. Pourquoi devrions-nous être modestes face à une catastrophe imminente?  » P.M., Bolo’bolo

Si chacun passe son temps d’aliénation « travail, télé, internet » à butter des légumes, on n’est pas près de crever de faim.

« La violence d’un monde à créer va supplanter la violence d’un monde qui se détruit.(…)

Au-delà du pillage éventuel de supermarché, auquel risque de convier une paupérisation accélérée, beaucoup de consommateurs menacés d’exclusion ne manqueront pas de s’apercevoir que la survie n’est pas la vie, que l’accumulation de produits frelatés et inutiles ne vaut pas le plaisir d’une existence où la découverte des biens de la nature s’accorde aux attraits du désir.

(…)

Nous allons inaugurer le temps où l’homme va assumer sa destinée de penseur et de créateur en devenant ce qu’il est et n’a jamais été : un être humain à part entière. Et devenir humain signifie se nier comme esclave du travail et du pouvoir pour affirmer son droit de créer à la fois sa propre destinée et des situations favorables au bonheur de tous.» Raoul Vaneigem, L’état n’est rien soyons tout.

L'an 01

Je propose que l’on déclare le 7 janvier 2015 comme jour 1 de l’an 01, début d’une nouvelle ère basée sur le rire. Une journée d’utopie, d’amour libre et débridé, le début d’un « nouveau monde amoureux » qui marquera la fin de la connerie universelle civilisée.

 

Et pour ceux qui ricanent encore, un petit rappel:

« Un homme qui aurait raison contre ses concitoyens constitue déjà une majorité d’un » Henry David Thoreau, la Désobéissance civile.

Avec toute notre irrévérence . Bonne année 01!

Charlie « An 01 »

Trois intermittents font une apparition, fesses à l’air peintes en bleu, blanc, rouge, en scandant : « C’est l’esprit Charlie ! » Au bout d’un moment, ils sont priés de ne plus perturber l’avancée.
Le Monde.fr | 11.01.2015 à 22h02

Charlie Hebdo

Communiqué d’action de l’internationale « No talent No limit »

Propager l’insurrection, c’est l’art de profiter des situations, de les détourner à notre avantage, de les provoquer.

Peut-être que notre démarche n’a pas été bien comprise ; qu’importe, nous avons tenté quelque chose et nous en sommes sortis vainqueurs. Nous nous revendiquons de l’internationale « No talent No limit ».

L’histoire, c’est nous qui la faisons, c’est ce qu’on en retient ou ce qu’on décide d’en retenir… Ainsi l’histoire qu’on nous enseigne est parfois très loin de la réalité qu’on nous raconte. Nous souhaitons vous donner notre version des faits à propos de l’action que nous avons mené hier dans la manif « Tous pour Charlie »

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Pour moi, l’objectif était clair : se mettre en première ligne devant tout le monde en montrant notre derrière pour dire :

« Aujourd’hui plus que jamais, nous sommes devant vous parce que c’est notre rôle à nous les clowns, les bouffons, de se moquer du pouvoir, des idéologies, des philosophies et des croyances. »

Oui, on est pour la liberté d’expression et on va la garder coûte que coûte, croyez-moi! Et vous n’allez pas nous faire rentrer dans le rang sous prétexte de sauver nos fesses. On fait un acte d’irrévérence nationale pour rendre hommage à nos idoles d’enfance.

Nous nous sommes donc posés devant la manif au milieu des voitures de police. Ça n’a pas été facile de s’imposer mais nous y sommes allés au culot. L’ambiance était tendue, le service de sécurité voulait nous virer. J’ai dit : « Il faut qu’on tienne! ». On a tenu! On a joué notre rôle, on a fait les clowns, on s’est appuyé sur la foule en scandant des « Charlie » que tout le monde reprenait en cœur. Les visages se dérident, le service de “sécu“ se relâche, les journalistes mitraillent nos fesses et là on se dit « on est bon ». On nous demande juste de nous mettre devant les voitures de police pour ne pas gêner l’avancée du cortège. Alors on fait des poses au milieu des voitures de flics, les journalistes rigolent, on essaie de faire des belles images avec nos trois culs tricolores alignés devant une rangée de motards les gyrophares allumés. C’était beau!

Nous, on était déjà au septième ciel dans l’enthousiasme de notre sans-culotterie.

Là, au milieu de la foule et des journalistes, on s’est dit qu’on ne risquait plus rien et qu’on allait tenir jusqu’au bout. J’ai bien vu dans les talkie walkies qu’on parlait un peu de nous, à un moment un motard sympa qui passe à coté de moi nous suggère de filer à l’anglaise : “Ils parlent de vous sur radio-police, ils veulent vous serrer pour exhibition sexuelle“.

Nous, on n’y croit déjà plus, on se dit qu’on est devenu intouchable, qu’ils ne vont pas nous faire ça le jour de la fête à not’ pote Charlie. Tout le monde rigole, les journalistes sont d’accord avec nous, on est en plein dans « l’esprit Charlie ». On provoque à peine, quand on pense à tout ce qu’y z’ont fait ces cons, on se dit même qu’on est des petits joueurs. Mais il faut bien apprendre à voler par nous-mêmes, de nos propres ailes, maintenant qu’ils ne sont plus là les grands frères.

C’est là que la manif est légèrement détournée pour allonger le parcours parce qu’il y a trop d’affluence. Du coup, on est un peu moins protégé, il y a beaucoup moins de monde sur les côtés, ça nous fait moins de spect-acteurs potentiels. Ça n’empêche pas que le mec de la “sécu“ vienne s’excuser, celui qui voulait nous empêcher de rentrer au début, l’air de nous dire « je suis à fond avec vous, c’est bien ce que vous faites. Continuez! » On se sent porté. Mais en haut lieu, ils n’avaient pas encore décidé de ce qu’ils allaient foutre de nous. On a bien vu le chef de la police en civil avec son regard sévère à se demander comment lâcher les troupes sur nous sans trop faire de scandale.

C’est là qu’on aurait dû sortir. On avait déjà gagné.

Mais on était trop grisé par la gloire alors on a continué à faire les cons. On commençait à se dire qu’on allait les ressusciter, les « Charlies ». Provoquer un miracle, avec notre pantalon astucieusement bricolé grâce aux conseils techniques du professeur Choron (voir fiche bricolage N°7).

Qu’est-ce qu’on dit ? On dit : « Merci Professeur Choron! Merci Charlie! Vive Charlie! Libérez Charlie! Charlie c’est la révolution!… » On se marre, on s’amuse comme des fous, les gens rigolent, les journalistes ne nous lâchent plus les fesses. On crie: « Tous à poil ! Déshabillez-vous! Charlie c’est mai 68! Tous à poil! » Je vois même une femme qui commence à ouvrir son manteau. Tous à poil! Et le journaliste qui nous dit: Chiche!

Bien entendu que je suis chiche! Tu crois quoi mec! Qu’on n’est pas à la hauteur des évènements ?! Comme il n’y a que les actes qui parlent, je baisse mon froc, le temps d’une photo et je remonte ma culotte trouée. Et ma voisine qui me dit « t’aurais pu nous attendre quand même! » Alors on refait une pause à trois, les pantalons baissés. On se retrouve avec tous les photographes, toutes les caméras braquées sur nous. Ils veulent tous une photo. Je leur crie, « il va falloir nous aider maintenant!! Vous allez devoir couvrir notre sortie de la manif parce-que là, on risque gros! » C’était l’heure de vérité. Tous à poil!!!!

On remonte nos futals bien coupés, on fait dos aux journalistes pour leur montrer une dernière fois nos jolies petites fesses. Et je me dis maintenant qu’il faut qu’on sorte vite. Je m’apprête à me retourner pour dire aux journalistes qu’il faut qu’ils nous couvrent. Je les sens très proches derrière nous. Je me retourne et je m’aperçois que ce ne sont plus les journalistes qu’on a aux fesses mais 7 flics en civil avec gilets pare-balles qui ne rigolent pas eux, ils ont reçu des ordres. J’essaie d’envoyer un appel à la presse mais ils ont déjà baissé les appareils, l’air navré. On est refait. Ils nous poussent sur le côté. On résiste un peu mais on est très vite tout seul. Plus personne pour nous soutenir. Il y a quand même un journaliste qui vient jusque dans une rue adjacente prendre une ultime image.

La police a pris peur qu’on se retrouve 200 000 les fesses à l’air place Bellecour. Charlie est toujours vivant. On va recommencer. On va faire de 2015 l’an 01 d’une nouvelle ère. Nous appellerons dans les prochains jours à une grande manifestation internationale pour que l’irrévérence ne tire pas sa révérence.

Nous appelons tous les collectifs de tous bords à nous rejoindre pour une journée internationale de l’irrévérence. Ouvrons l’ère d’un « Nouveau Monde Amoureux ».

« no talent no limit »

 

 

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